« Deux secondes d’air qui brûle » de Diaty Diallo

Rentrée Littéraire 2022 – Premier roman

Une cité en banlieue parisienne. La plupart des jeunes qui vivent là n’ont jamais connu que ce quartier, les parkings, les friches.

Un soir de juillet, Astor, Chérif, Issa, Demba, Nil décident de faire un barbecue pour fêter la réussite des partiels de Chérif.

 » Chérif s’est affalé sur une chaise, dans une main le tuyau d’une chicha accompagne ses gestes. Issa lui a posé un sandwich dans l’autre. La baguette croustille, les arômes d’un mélange d’algérienne et de mayonnaise se libèrent dans sa bouche quand il mord dedans. La viande est tendre, embrase la langue à contretemps. (…) Presque plus personne ne parle durant les trois tournées de sandwichs. »

Les sirènes et les gyrophares viennent interrompre ce moment de calme et de plénitude. Les dépositaires de la loi viennent rappeler que faire un barbecue est interdit.

L’intervention tourne mal : contrôles d’identité musclés, tirs de grenades lacrymogènes. Escalade de la violence. Deux jeunes, circulant à scooter et arrivant sur les lieux, font demi-tour.

«  Ils prennent la fuite la peur au ventre de se faire serrer et plus grande encore celle de se faire savate par les darons. Ils slaloment, gracieux malgré tout, dans des rues qui les ont vus à tous les âges – les corps petits, les casquettes trop grandes, les sacs à dos avec le prénom dessus et le goûter à l’intérieur, les ballons ronds, les voix qui muent, les fous rires à se casser des côtes, et les rêves d’ailleurs – se font pourchasser comme des mafieux le coffre rempli de cocaïne dans un drive à LA, et puis- personne ne saura jamais l’expliquer à celles et ceux qui demanderont pourquoi – Bak et Samy semblent se mettre à exister un peu trop, pour ces hommes qui peinent à les rattraper. Un peu trop fort, un peu trop loin. « 

Et pour les arrêter, des balles seront tirées, blessant mortellement Samy.

Les habitants du quartier, sous le choc, décident collectivement d’une action retentissante.

Diaty Diallo, qui a grandi dans une cité, connaît bien le sujet dont traite son roman : la vie quotidienne de ses habitants, les galères, le harcèlement policier mais aussi l’entraide et la solidarité.

Ce livre est une immersion fort intéressante, poignante à certains moments, dans un univers généralement dépeint de façon négative.

La lecture de ce roman invite à s’interroger, à réfléchir sans complaisance sur les conditions de vie dans ces cités.

Je remercie les Editions Seuil et Cultura pour cette découverte.


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